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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/224

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

odoriférantes, que dominait une montagne nue, arrondie, pareille à la coupole d’un temple. Ronan planta en terre son bâton de pèlerin, et le bâton aussitôt se transforma en une croix de granit, pour lui marquer que ce lieu était celui où il se devait arrêter. La « jument de pierre » se coucha sur le sol ; le saint se mit en prière. C’était l’heure du soir, si particulièrement douce en Bretagne. Au pied du ménez, vers l’occident, des campagnes heureuses étaient comme blotties. Des toits invisibles, voilés de feuillage, exhalaient dans l’air de calmes fumées. Plus loin, la mer s’éteignait ; dans ses eaux, grises comme des cendres, les dernières lueurs du soleil disparu achevaient de mourir.

« — Que la paix demeure à jamais en cette solitude ! » murmura le saint.

Son vœu a été exaucé. Nulle part au monde peut-être le silence n’est plus grand, plus profond, plus apaisant que sur cette humble cime bretonne. Elle a conservé son aspect primitif, son air inviolé d’autrefois. On y peut voir des troncs de genêts plusieurs fois séculaires. Les bestiaux y