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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/232

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

compagnon suffisamment ameublie, détrempée, et prête à recevoir la bonne semence, il commença de lui conter la merveilleuse histoire de Jésus qui consacra le désert comme un lieu de prière, de Jésus qui prêcha du haut des monts, avec la mer à ses pieds, et enseigna aux fils des hommes l’amour universel. L’anachorète qu’on avait dépeint d’humeur si farouche parlait avec tant d’onction et de charme, les récits qu’il faisait de l’ère galiléenne étaient par eux-mêmes si captivants que le chef laboureur en oublia tout le reste. Le saint dut le congédier, en lui montrant l’aile grise du soir qui déjà s’éployait dans le ciel.

« — Que t’a dit le personnage de là-haut ? » interrogèrent les gens de la plaine, pâtres et pêcheurs, quand le maître de Kernévez fut redescendu parmi eux.

Il leur répéta mot pour mot les discours de Ronan qu’il portait gravés dans sa mémoire, s’efforça d’en reproduire jusqu’à l’accent. Il fut éloquent avec simplicité. Plus d’un dans l’auditoire, se laissa toucher. Mais les autres, le grand nombre, après l’avoir écouté non sans stupeur, ne