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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/24

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

champs à son sanctuaire du Minihy sont fréquentés toute l’année par les pèlerins qui vont implorer son aide. Les suppliants affluent des hâvres de la côte voisine et des pentes lointaines du Ménez.

Un soir que je revenais de visiter la tour Saint-Michel, qui domine de sa haute ruine solitaire tout le paysage trégorrois, je ne fus pas peu surpris de voir poindre à un tournant de la route trois petites lueurs qui scintillaient faiblement dans le crépuscule déjà sombre, tandis qu’au milieu du grand silence s’élevait un bruit de voix, très doux, très monotone, un susurrement continu et plaintif. En m’approchant, je distinguai un groupe de femmes assises côte à côte sur un tas de pierres, au bord du chemin. Chacune d’elles tenait à la main un cierge dont la flamme montait, à peine vacillante, dans l’air tranquille. Je leur donnai le bonsoir en breton, et elles s’interrompirent de prier pour me demander si elles étaient encore loin de Saint-Yves. Elles arrivaient de Pleumeur-Bodou, d’une seule traite, sans avoir pris aucune nourriture, et elles se reposaient là, un instant. Leur