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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/252

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

de falaise : on s’attend à recevoir dans les jambes un paquet d’écume. Point. De l’abîme, béant à vos pieds, c’est un clocher qui surgit, un clocher veuf de sa Sèche, une énorme tour carrée aux étroites et longues ogives d’où s’envolent, non des goëlands, mais des corbeaux. Plus bas, voici l’église tassée de vieillesse, sous sa toiture gondolée ; et près d’elle se montre le cimetière, un arpent de montagne clos de murs en ruine et foisonnant d’herbe. On descend une pente raide, sinueuse, presque une rue, avec les restes d’un pavage ancien. Jadis, au temps d’une prospérité qui n’est plus qu’un mélancolique souvenir, c’était par ici que la diligence de Quimper à Brest faisait à Locronan son entrée, dans un fracas de ferrailles et de grelots, semant sur son passage le mouvement, la gaîté, la vie. Les femmes, leur poupon dans les bras, accouraient sur le seuil des petites maisons basses qui, toutes, portent inscrites dans leur linteau la date de leur construction et les noms des ancêtres qui les édifièrent. Les hommes eux-mêmes, tisserands pour la plupart, se soulevaient sur les pédales des métiers et, par la lucarne en-