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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/268

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

surcroît de quelque aumône, ce serait cruauté de leur en vouloir. Ils sont si pauvres, les bons vieux saints, et leurs rustiques « maisons » si misérables !…

Le sentier traditionnel traverse en cet endroit la grand’route. À l’un des angles du carrefour s’érige une croix fruste taillée tout d’une pièce, peut-être dans un menhir, plus probablement dans un de ces blocs de granit connus sous le nom de lec’h qui servirent, aux premières époques du christianisme, à marquer en Bretagne les sépultures. C’est ici la tombe de Kébèn. L’herbe y est maigre et brûlée jamais fleur n’y a fleuri ; les bruyères même s’en écartent, et les humains les imitent ; ils la contournent à distance d’un pas rapide, en se signant. Qui sait si, en dépit du lourd monolithe qui l’opprime, l’esprit de rébellion enfermé là ne va pas tout à coup faire éruption comme un volcan ? j’y ai cependant vu s’agenouiller une vieille femme, et cela non par inadvertance, car à sa fille qui la morigénait elle répondit :

« — Vous êtes jeune encore. Quand vous