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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/275

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AU PAYS DES PARDONS


Du dehors, l’église de Locronan dont le vaisseau principal appartient au quinzième siècle a la noblesse, l’ampleur de proportions d’une cathédrale. L’intérieur en est d’un caractère saisissant. On y accède par un vaste porche en arc surbaissé. Une impression de vétusté, de délabrement, de grandeur aussi — de grandeur solitaire et quasi farouche — vous envahit l’âme, dès le seuil. Des masses d’ombre se balançent suspendues aux voûtes ou rampent le long des parois. On se croirait dans un sous-bois ténébreux, traversé çà et là de clartés verdâtres. On respire l’horreur des forêts sacrées. Les piliers, couverts de mousses, de végétations parasites, rappellent effectivement les arbres pétrifiés de la légende. Ou bien encore, on songe à l’église d’une de ces villes englouties, Tolente, Ker-Is, Occismor, tant les murs dégagent d’humidité, tant la lumière qui les baigne est étrange, crépusculaire, spectrale.

La chapelle du Pénity, accotée à la nef, brille d’un rayonnement plus vif. Là est la tombe de l’anachorète, là se détache en relief sur une table de Kersanton l’hiératique et rude image de Ronan.