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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/290

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LA TROMÉNIE DE SAINT RONAN

aux sites les plus ravissants de la Galilée d’autrefois. En attendant, les pèlerins se restaurent sous les tentes installées là par des cabaretiers des bourgs voisins, ou s’allongent sur le gazon, brisés de fatigue, ivres de soleil, sans pour cela s’interrompre de prier. Le sermon fini, ils se reformeront en procession, descendront le versant opposé du Ménez par les sentiers de lande que j’ai parcourus ce matin et ne rejoindront guère Locronan qu’aux premières étoiles.

Je n’ai pu entendre le prédicateur, mais je n’ai pas de peine à me figurer les choses très simples et très émouvantes qu’il a dû trouver à dire en un tel lieu, devant un tel auditoire, à cette heure, en quelque sorte religieuse, du couchant, si propice à l’évocation des légendes en un pays qui n’a jamais cessé d’y croire, si même elles ne sont à ses yeux l’unique réalité.

… Les bannières, les croix reposent, appuyées au revers des talus. La baie de Douarnenez s’étend muette, pâlie par le soir, striée de ces moires d’azur qui sont comme les veines de la