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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/316

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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

d’ailleurs ; car il n’y a que le samedi qui leur appartienne. Arrivés ce matin — nul ne sait d’où — ils s’esquiveront cette nuit. Ils terminent en ce moment leur collecte, et c’est pourquoi ils y mettent tant d’âpreté. »

« — Si pourtant il leur plaisait de rester demain ? »

« — Ils violeraient l’usage, et l’usage en Bretagne est, selon le vieux dicton, plus roi que le roi… Puis, demain, les gendarmes seront là ; nos gueux ont horreur de ces trouble-fête la présence d’un tricorne leur est Insupportable : ils aiment mieux décamper… Demain, enfin, les routes seront encombrées de voitures ; les infirmes risqueraient d’être mis en pièces : en sorte que la simple prudence s’accorde avec la tradition pour conseiller à la bande un prompt départ. Vous pourrez avant peu juger par vous-même que cet exode des loqueteux à la nuit pleine ne manque pas d’un certain ragoût… »

Nous avions franchi le seuil de l’église.

Combien reposant, cet intérieur, après le tumulte du dehors Sur les murs blancs couraient des