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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/317

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AU PAYS DES PARDONS

guirlandes de lierre et de houx. Des ancres symboliques, ornées de branches de sapin, étaient appendues çà et là ; des goëlettes en miniature, chefs-d’œuvre de patience et de délicatesse, se balançaient dans une vapeur d’encens, et, sur son socle, la sainte, habillée à neuf, avait les grâces jeunettes d’une aïeule endimanchée. De temps à autre un pèlerin se levait du milieu de l’assistance prosternée sur les dalles, s’approchait de l’image vénérée et, dévotement, baisait le bas de sa robe. Des mères haussaient leurs enfants à bras tendus jusqu’à la douce figure de pierre. Et l’odeur des cires ardentes imprégnait l’air, et leurs fines fumées bleuâtres montaient, montaient… Peu à peu, la nef se vida. Quelques vieilles en cape de deuil y demeurèrent seules à égrener un interminable rosaire, triste comme une lamentation… C’était l’heure du souper la nuit tombait.

… Une tente basse, profonde, semi auberge, semi dortoir. Des gens ronflent à l’une des extrémités, tandis qu’à l’autre bout on mange, on boit, aux vacillantes lueurs d’une chandelle de suif.