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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/32

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

Nous marchions d’une bonne allure. Voici que, dans la montée de Kerantour, je crus m’apercevoir que Mônik boitillait d’une jambe.

« — Ce n’est rien, fit-elle : j’ai mettre dans mon soulier quelque chose qui me gêne un peu. »

« — Déchaussez-vous. »

Elle eut un geste de la main, comme pour me dire : « Ne t’occupe point de cela ; c’est mon affaire, et non la tienne ». Et elle continua de cheminer de la sorte, en marmottant de vagues oraisons auxquelles je ne comprenais rien. Au bourg de Trédarzec, elle fit une halte sous le porche de l’église, m’invitant à m’asseoir sur une des pierres tombales du cimetière pour attendre qu’elle eût fini…

L’instant d’après ; nous étions de nouveau en pleins champs.

« — Maintenant, me dit Mônik, paix ! Ne me parle plus… Contente-toi, pour te distraire, de siffler aux merles. »

Je lui trouvai une mine étrange, un air assombri et presque farouche. Dans sa vieille