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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/323

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AU PAYS DES PARDONS


Rô peuc’h ! rô peuc’h, mestrezik flour !
Me wél ma maro ’bars an dour…

[Tais-toi ! tais-toi, maîtresse exquise ! — Je vois ma mort dans l’eau.]

Sur les fiançailles des marins quelque chose de tragique plane toujours, et les aveux qu’ils échangent avec les jouvencelles sont le plus souvent tristes comme des adieux…

Un coup de sifflet nous avertit que la Glaneuse venait de stopper. D’habitude, le petit vapeur côtier franchit la baie en ligne droite, de Morgat a Douarnénez. Mais, à l’occasion du pardon, il fait escale à la Palude. Nous nous trouvâmes une vingtaine de passagers sur le pont. Presque tous étaient des pêcheurs de la baie les rustiques, aussi bien au retour qu’à l’aller, préfèrent la voie de terre. Un paysan de Ploaré figurait pourtant parmi nous, avec sa femme. Mon compagnon, qui le connaissait, l’interpella :

« — Comment ! vieux Tymeur, vous n’avez pas craint de vous fier au chemin des poissons ?… Est-ce un vœu que vous avez fait, ou bien vos jambes refusaient-elles de vous porter ? »