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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/328

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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

mer, en cette admirable nuit d’août, tiède et toute parfumée d’un arôme étrange, comme si les voluptueuses fleurs des jardins de Ker-Is, éveillées tout coup de leur enchantement, se tussent venues épanouir à la surface des eaux. Elle gisait là, presque sous nos pieds, la féerique cité de la légende. Par instants, au creux des houles, on eût dit que son image allait transparaître ; on croyait entendre des voix, des bruits, et les phosphorescences qui brûlaient à la crête des vagues semblaient l’Illumination d’une ville en fête. Nous rasions de hauts promontoires, de longs squelettes de pierre aux figures énigmatiques, attentifs depuis des siècles a quelque spectacle sous-marin visible pour eux seuls. Le ciel, au-dessus de nos têtes, était comme un autre océan où, parmi le scintillement des étoiles, un croissant de lune flottait…


III


Le lendemain, dimanche, se leva l’aube du « grand jour ».