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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/332

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SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

célèbrent aujourd’hui. Aux âges très anciens, alors que la grand’mère de Jésus n’était pas née, elle était en ces parages l’idole unique. Elle n’avait point de sanctuaire dans les dunes ; les cérémonies de son culte s’accomplissaient à ciel ouvert. Mais le peuple y accourait en foule, comme à présent, et, comme à présent, l’époque choisie était le mois de la saison ardente, parce qu’en cette saison la déesse se révélait dans le pur éclat de sa beauté, découvrait aux yeux ravis son beau corps fluide, sa chair transparente et nacrée, toute frissonnante sous les caresses de la lumière. Les dévots, rassemblés sur les hauteurs, tendaient les bras vers elle, entonnaient des hymnes à sa louange, s’abîmaient dans la contemplation de ses charmes. Ahès ou Dahut était sans doute un des noms par lesquels ils l’invoquaient. Quelle vertu d’incantation était attachée à ce vocable, nous ne le saurons probablement jamais.

Le mythe du moins a survécu. Et son sens primitif se retrouve aisément sous les retouches plus récentes que le christianisme lui a fait subir. Ahès a la démarche onduleuse, la chevelure longue