Aller au contenu

Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/334

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
313
SAINTE-ANNE DE LA PALUDE

blancheur éblouissante, étincellent, pailletés de mica. On a près d’une lieue de grèves à longer. C’est plaisir d’appuyer le pied sur ce sol égal, d’un grain si subtil, et qui a le poli, la fraîcheur d’un pavé de marbre. Des sources invisibles jaillissent sous la pression des pas. La grande ombre déchiquetée des falaises garantit les fronts des ardeurs du soleil ; et il sort des cavernes creusées par les flots dans les soubassements de la paroi de schiste un soufre d’humidité qui vous évente au passage. Des vols de mouettes et de goëlands se balancent dans l’air immobile, avec des flammes roses au bout de leurs ailes éployées…

Une anse, un pré, des landes rousses, presque à pic. Nous avons repris le sentier de terre, mais à travers un pays morne, sous un ciel accablant. Nul abri. Pas un arbre. À peine, dans une combe imprévue, un bouquet de saules rachitiques au-dessus d’une fontaine desséchée. Puis, des roches monstrueuses surplombant l’abîme. Le raidillon s’accroche à leur flanc ou rampe dans leurs interstices. En bas, la mer traîtresse guette le passant.