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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/335

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AU PAYS DES PARDONS


« — Monsieur ! Monsieur ! » crie derrière moi, en breton, une voix haletante, une voix de femme.

Celle qui m’interpelle de la sorte est une « îlienne » de Sein, apparemment une veuve, à en juger par sa coiffe noire et par la rigidité sévère du reste de son accoutrement.

« — Pardonnez-moi, Monsieur, si je vous ai prié de m’attendre pour franchir cet endroit. Seule, je n’en aurais point le courage. »

« — Le plus sûr, pour vous, si vous craignez le vertige, est de faire un crochet. »

« — Impossible. Mon vœu est par ici. »

Ce sentier dangereux lui est sacré. On va voir pourquoi. Je transcris ses propres paroles.

Il y a vingt ans, elle s’acheminait vers la Palude en compagnie de son fiancé. Leurs noces étaient fixées à la semaine d’après. Ils allaient, elle, demander à la sainte de bénir leur union ; lui, la remercier de lui avoir sauvé la vie, l’hiver précédent, où il avait été toute une nuit en perdition dans le Raz.

Ils devisaient justement des angoisses qu’ils