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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/34

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

d’en asperger le sol autour d’elle, en murmurant de vagues paroles. — Ce furent ensuite des terres hautes, des meziou, des friches dénudées et houleuses, un dernier plateau enfin, et, devant nous, par delà le miroitement calme de la rivière, Tréguier surgit, lumineuse, poussée d’un seul jet, ainsi qu’une ville de rêve, avec les teintes pourprées de ses vieux toits, son peuple de clochetons, et la flèche de sa cathédrale, toute rose, de grands vols de martinets tournoyant au-dessus. Le long du quai planté d’arbres, les vergues des navires, enchevêtrées aux branches, semblaient avoir retrouvé la frondaison de leurs printemps d’autrefois. Les moindres bruits arrivaient à nous, très distincts ; on percevait jusqu’au claquement des sabots sur le pavé ; des refrains de calfats se croisaient dans l’air. À l’arrière-plan se voyaient le Minihy, dans un fouillis de verdures, et Plouguiel, détaché en silhouette sur un dos de promontoire. Tréguier m’apparut, ce jour-là comme une cité merveilleuse au centre d’un paysage enchanté…

Monik cependant venait de prendre à droite,