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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/43

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AU PAYS DES PARDONS

tiques. Au bord de la route pierreuse, c’était le même groupe de chaumières basses aux lourdes toitures, aux murailles disjointes étayées par des rames. Mais de l’édicule ancien plus rien ne restait, si ce n’est les fondations peut-être, quelques moellons épars enfouis sous de grandes ronces où des enfants d’alentour, pareils au petit coureur de champs que je fus naguère, cueillaient des mûres à pleines mains.

J’ai dit ailleurs[1] à quelle occasion le sanctuaire fut détruit. Le recteur de Trédarzec, en la paroisse de qui il était situé, y mit le premier la pioche. Il le fit raser entièrement et relégua la statue du saint dans le grenier du presbytère. Mais il est plus facile de démolir un mur que de déraciner une coutume, surtout en Bretagne. On n’en continue pas moins de venir prier sur l’emplacement de l’oratoire disparu. Dernièrement,

  1. Cf. la Légende de la Mort, p. 222, note 2. Lire aussi le « Crucifié de Kéraliès », ce sobre, délicat et passionnant récit où Ch. Le Goffic a reconstitué, dans un autre cadre, les principales péripéties du drame de Hengoat. La victime s’appelait, en réalité, Omnès, et la vieille sorcière qui l’alla vouer à saint Yves, — la Kato Prunennec du roman, — avait nom Kato Briand. Celle-ci fit à l’instruction des aveux complets, détailla consciencieusement toutes les pratiques rituelles auxquelles elle s’était conformée.