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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/44

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

une femme du pays de Goëlo, qui avait été spoliée par un notaire, y passa la nuit, prosternée sur le sol, sous la pluie qui tombait à verse, — et s’en retourna chez elle à demi morte de froid, mais sûre d’être vengée. Vous trouverez aux environs des gens pour vous affirmer que le saint fait chaque soir le trajet du bourg à Porz-Bihan pour reprendre possession, jusqu’au matin, de sa « maison » en ruines : ils l’ont rencontré.

La légende ne s’arrête pas en si bon chemin. S’il faut l’en croire, le recteur « sacrilège » fut puni par saint Yves lui-même de son « forfait », voici dans quelles circonstances :

Certaine après-dînée, trois hommes étrangers à la paroisse se présentent à la porte du presbytère.

« — Qu’y a-t-il pour votre service ? » leur demande la servante.

« — Nous voudrions parler à M. le recteur. »

« — Il est à table. Que désirez-vous de lui ? »

« — Qu’il nous permette de nous agenouiller devant l’image d’Yves le Véridique, laquelle est, dit-on, prisonnière dans son grenier. »