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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/79

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AU PAYS DES PARDONS

qu’au commencement d’octobre. Afin que leurs dames trouvassent la messe à leur porte, ils avaient édifié à frais communs une magnifique église qui, bâtie sur un point culminant, dominait de très-haut les clochers d’alentour — y compris la cathédrale même (à laquelle elle n’avait, dit-on, rien à envier pour la splendeur). Et quant au desservant, il avait été stipulé qu’il devrait, lui aussi, être de grande race. Bref, on ne vivait dans ce terroir qu’entre seigneurs. On y menait d’ailleurs joyeux tapage. Ce n’étaient, tous les jours que Dieu fait, que chasses à courre, sonneries de trompes, bombances, beuveries, ripailles et ribaudailles. Vous pensez bien que ces gens-là n’avaient souci de saint Yves ni de ses pauvres. Lorsqu’ils virent que ceux-ci se mettaient à faire passage à travers leurs halliers et leurs champs, ils en conçurent de l’émoi.

« — Laisserons-nous donc ce peuple en guenilles troubler nos plaisirs par le spectacle ambulant de sa misère ? »

Conseil fut tenu. Et, à quelque temps de là, des crieurs firent assavoir dans les paroisses que