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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/80

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

les vingt ou trente domaines sis en Saint-Michel seraient frappés dorénavant d’un droit de péage et qu’il serait perçu un « sou jaune » par personne et par tête. Faute du paiement duquel, le délinquant encourrait telle peine qu’il plairait à « messeigneurs » de lui appliquer. Exiger d’un va-nu-pieds l’impôt du pièce d’or ! Vous voyez ce que cela avait de drôle. Lesdits seigneurs rirent beaucoup de l’invention. Mais ce n’est pas tout de rire, si l’on en croit le proverbe ; il faut avoir chances de rire longtemps. Les gentilshommes de Saint-Michel en firent l’expérience, et elle leur coûta cher.

Un an, deux ans, tout alla bien. L’édit avait porté. Les pauvres faisaient un grand détour et « passaient au large ». Saint Yves sans doute n’était pas très content de cette façon d’en user avec les siens, mais attendait que le moment fût venu de manifester sa juste colère. Ce moment se présenta. Un malheureux aveugle s’égara un jour dans les sentiers prohibés. Des gardes se saisirent de lui et l’amenèrent devant l’assemblée des seigneurs.