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Page:Le Braz - Au pays des pardons, 1894.djvu/82

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SAINT-YVES, LE PARDON DES PAUVRES

épargnée, parce qu’elle portait le corps martyrisé du vieillard. On dit même, au sujet de celui-ci, que des mains invisibles dénouèrent ses liens, et qu’il se retrouva, sans qu’il sût comme, cheminant sain et sauf dans la direction du Minihy. Quant aux gentilshommes de Saint-Michel, il ne resta d’eux aucun vestige, si ce n’est leurs âmes qui, transformées en corbeaux, sont condamnées à voler sinistrement, jusqu’au jour du Jugement dernier, autour du clocher solitaire.

« Doue da bardona d’an Anaon ! » (Dieu pardonne aux défunts !) conclut Baptiste, en se signant au front, aux lèvres et à la poitrine.

Nous entrions dans le bourg du Minihy. L’ouverture de l’unique rue donnait sur une échappée de campagne dévalant en pente douce vers la berge goëmonneuse du Jaudy. L’eau de la rivière brillait au bas, d’une lumière froide, sous le calme firmament nocturne. Nous longeâmes le cimetière où des pèlerins circulaient en silence. Par la baie du portail, le regard plongeait dans l’église, suivait une avenue de cierges qui allait se rétrécissant et comme s’éclairant à mesure… Où