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Page:Le Negre du Narcisse, trad. d Humieres, Gallimard 1913.djvu/115

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— C’est moi, sir, le maître d’équipage, grommela l’homme ; nous tâchons de réchauffer ce pauvre bougre.

— Bon ! bon ! dit M. Baker. Faudrait voir à y aller plus doucement, hein ?

— Il veut qu’on le tienne au-dessus de la lisse, continua le maître avec irritation, il se plaint de ne pas pouvoir respirer sous nos vareuses.

— Si on le soulève on le laissera tomber à l’eau, dit une autre voix, on ne se sent pas les mains de froid.

— Ça m’est égal : j’étouffe, dit James Wait d’une voix claire.

— Que non, fiston, repartit le maître en désespoir de cause, tu ne t’en iras pas avant nous par cette belle nuit.

— Vous en verrez de pires, dit M. Baker, avec bonne humeur.

— Ce n’est pas jeu d’enfant, sir ! répondit le maître d’équipage. Il y en a, plus à l’arrière, qui ne sont pas à la noce.

— Si on avait coupé les sacrés mâts, on se baladerait à présent la quille en bas comme tout bateau qui se respecte, avec une chance au moins de s’en tirer, soupira quelqu’un.

— Le vieux n’a pas voulu… il se fiche pas mal de nous, murmura un autre.

— De vous, s’écria M. Baker en colère. Et pourquoi donc s’occuperait-il de vous ? Est-on un tas de demoiselles pour qu’on s’occupe de nous ? Nous sommes là pour nous occuper du bateau — et il y en a parmi vous qui ne sont pas même bons à ça. Hou !… Eh ! qu’avez-vous donc fait de si épatant qu’il faille s’occuper de vous ? Hou !… Il y en a ici qui ne peuvent seulement pas supporter un peu de brise sans pleurer.

— Tout de même, Sorr. On vaut mieux que ça, pro-