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Page:Le Stylet en langue de carpe.djvu/83

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Nous passâmes près de deux mois ainsi, amis familiers couchant à deux pas l’un de l’autre sans que rien de galant se passât entre nous.

Pourtant, il est probable que j’eusse été pris un jour, je veux dire d’amour, si…

— Ah ! non, mon cher Paul, tu exagères. Déjà tu abandonnas May après avoir préparé une idylle à la Théocrite. Tu ne vas pas perdre Rubbia de la même façon ? Ce serait une trahison…

— De fait. Il ne m’étonne plus du tout que Paul n’ait point réussi dans la littérature. Il a un chic spécial pour faire avorter les plus rares des histoires qu’il conte.

— Paix, vous ! Je n’invente rien, en ce moment. C’est dans toute son horreur une aventure arrivée et d’une authenticité éprouvée, que je dévide en ce moment. Il ne dépend donc pas de moi que les péripéties en soient raisonnables. Où donc avez-vous jamais vu des suites logiques d’événements ailleurs que dans les romans ? La vie est la mort du rationnel. Dans le réel il n’est