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Page:Le poisson d'or.djvu/89

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LE POISSON D’OR

— J’en ai un ! M’écriai-je.

Et je courus à mon coffre, où je trouvai la boîte de fer-blanc sous mes anciens habits de mousse.

— Ça n’est pas du fer-blanc, ça me dit Séveno. Où l’as-tu eu, monsieur Vincent ?

— Au Trou-Tonnerre, répondis-je.

Le patron déposa l’objet sur la table comme si ses doigts avaient touché un charbon ardent. Les autres se mirent en cercle et regardèrent avec curiosité.

— On dirait de l’argent ! firent-ils.

Et Courtecuisse demanda :

— Qu’y a-t-il donc sur le couvercle ?

Je n’avais pas remarqué qu’il y eût rien d’écrit. Je pris la boîte vivement, et je restai tout ébahi en lisant ces deux noms Yves Keroulaz.

Vous êtes aussi étonné que moi, monsieur l’avocat ; mais attendez !

Vous pensez si j’eus vite fait d’ouvrir la boîte. Mes mains tremblaient. Je songeais que ces haillons pleins d’ossements, mêlés parmi les goëmons, avait appartenu au père de Mlle Jeanne et qu’au lieu de mettre ses restes en terre sainte, je les avais rejetés dans la mer.

Le premier papier qui me tomba sous les yeux fut une quittance et timbrée signée J. B. Bruant : une quittance de douze mille francs pour solde du prix de la presse à sardines vendues à M. Keroulaz…

— Vous avez cette quittance ? m’écriai-je en saisissant le bras de Vincent.

— Je suis venu tout exprès pour vous la remettre, monsieur l’avocat. La voici.