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Page:Le poisson d'or.djvu/90

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LE POISSON D’OR


IV


— Bon ami, dit la comtesse douairière de Chédéglise qui tendit la main à M. de Corbière, vous avez passé sous silence une bonne moitié du bien que vous nous fîtes en ce temps-là. Je voudrais qu’il me fût permis de raconter le restant de l’histoire.

— Non pas, non pas ! s’écria le ministre ; c’est mon premier succès de roman… j’y tiens ! et je continue. Faites la police, madame la marquise ! Quiconque interrompra donnera un gage !

Notre beau garçon de Vincent sortit de sa poche le fameux étui d’argent. Il y avait déjà six mois qu’il ne halait plus sur l’aviron. Ce fut d’une main fine et blanchette qu’il me remit le papier timbré, bien et dûment signé par ce coquin de Bruant.

— Avec ça, me dit-il, sieur l’avocat, l’affaire est dans le sac, pas vrai ?

Je soupçonne, mesdames, que vous partagez l’avis de Vincent. La possession d’une pièce si importante doit assurer à vos yeux le gain de notre cause, et vous voyez déjà le Judas confondu comme il le mérite.