Aller au contenu

Page:Le poisson d'or.djvu/94

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
91
LE POISSON D’OR

procurer une mauvaise nuit au meilleur dormeur de son département et une migraine à la plus forte tête.

Ici-bas, entre ces deux catégories bien tranchées, les gens honnêtes et ceux qui ne le sont pas, il existe une infinité de nuances : toutes les dégradations prismatiques qui séparent le noir du blanc.

Il en est jusqu’à trois que je pourrais citer,

disait cet insolent Despréaux en parlant d’autre chose que des gens de probité absolue. Moi, je ne précise rien, mais j’ai rencontré dans ma vie bien peu d’âmes assez vigoureuses pour éviter le petit mouvement de fièvre que procure cet avis de l’avocat, de l’huissier ou du notaire. Je ne parle pas même de la cédule, émanant du parquet ou de la préfecture de police.

Connaissez-vous beaucoup de consciences qui aient gardé intacte la blancheur de la robe nuptiale ! Notre-Seigneur ne trouva personne pour jeter la première pierre, dès qu’il y eut mis la condition de se sentir sans péché.

N’eût-on point véritablement de péché, il y a le doute.

N’eût-on pas même le doute, car, je sais des gascons qui se croient absolument sûrs de tomber comme des plombs au fin fond du paradis, reste encore cette crainte salutaire qu’inspire la Justice avec un grand J. Dès que ces respectables ferrailles, qu’une raillerie du hasard appelle des fléaux, se mettent en branle, tout le monde tremble. Gare à la balance infaillible ! Elle à ses jours. L’œil de Thémis, auquel rien n’échappe, joue parfois à collin-maillard d’une façon lamentable. J’ai fait ce rêve, qu’il y avait au monde un portrait