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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/432

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Jean d’Estrevel cependant souffrait infiniment.

Mais un stand les retînt, celui des Gauloises ; Lauzier semblait en extase, médusé d’admiration. Quelles lignes ! quel fini ! quelle précision ! quelle rigueur ! Les Gauloises étaient bien les reines du Salon.

— Les reines ! répéta Diane. Ainsi cette limousine…

Elle n’avait cessé de la regarder. Le spectacle de la large et puissante voiture l’absorbait. Elle se voyait étendue sur ces confortables Coussins, tandis qu’autour d’elle, par les vitres claires, se déroulaient les visions de la rue. Et elle pensait aux femmes qui ont de ces voitures…

Lauzier dit :

— Elle vous plaît beaucoup ? C’est leur nouveau modèle de soixante chevaux.

— Elle est merveilleuse.

Il appela le directeur :

— Quand pouvez-vous livrer la même voiture ?

— Avec cette carrosserie ?

— Oui.

— Demain. Nous avons pris nos précautions.

— Demain donc, entendu. Voici mon adresse.

Il tendit sa carte. Diana fit un geste. Le procédé choquait, comme si Lauzier lui avait offert brutalement une parure de diamants. Il la prévînt :

— Vous me permettrez bien, je l’espère, d’avoir dans mes remises une voiture qui vous plaît ?

Et il ajouta entre ses dents, de manière à n’être entendu que de la jeune fille :

— Elle ne sortira que le jour où vous consentirez à vous en servir.