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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/433

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Au stand suivant, il acheta le mail automobile que lançait la maison Varange.

— Indispensable pour la vie de château, dit-il à Diane avec un gros rire.

— Mais vous n’avez pas de château, que je sache ?

— J’attends vos ordres.

Elle se tut. La promenade s’acheva sans incidents. Le comte et Lauzier continuaient à parler. D’Estrevel épiait anxieusement la jeune fille. Diane demeurait silencieuse.

Elle avançait lentement, les yeux vagues. La féerie des lumières l’éblouissait. L’orchestre se mit à jouer, et la musique lui parut un hommage qui s’adressait à elle. Et tout cela, musique et lumières, et la foule, et les voitures somptueuses, où reluisent l’or des cuivres et l’argent des aciers, elle eut l’impression que tout cela lui était nécessaire. Elle était faite pour cela, comme d’autres le sont pour la vie intime et discrète.

On arrivait auprès de la sortie. D’Estrevel lui offrit la main. Elle y mit la sienne, mollement, et me vit point la pâleur effrayante du jeune homme.

Lauzier s’inclina devant elle. Elle lui sourit. C’était la défaite de l’Amour…

Maurice LEBLANC.