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Page:Leblanc — Contes du soleil et de la pluie, parus dans L’Auto, 1902-1907.djvu/489

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suelo, de Lucrecia Floriani, les Maîtres Mosaïstes, et la Daniella, qui est bien le meilleur guide que l’on puisse trouver pour visiter en détail les montagnes qui avoisinent Rome ? Et l’Homme de Neige, en Scandinavie, et le Piccinino, en Sicile, et l’Hiver, à Majorque…

Mais elle eut aussi, et à son plus haut degré, ce qui est peut-être l’essence même du sport ou du moins son aboutissement. sa récompense, je veux dire l’amour de la nature.

Des écrivains, plus grands qu’elle assurément, l’ont célébrée, cette nature, avec des épithètes plus sonores et plus pittoresques, dans un style plus glorieux et plus magnifique. Aucun ne l’a sentie avec une âme plus émue, ne l’a vue avec des yeux plus passionnés, ne l’a chantée avec plus de ferveur, et, à la fois, plus de simplicité. Les descriptions de George Sand sont aisées comme des sources qui coulent sur un sable fin, fraîches comme des feuilles mouillées par la pluie. Elle décrit sans effort. Elle trouve sans chercher. Elle est naturelle comme la nature elle-même.

J’ouvre au hasard :

« Cette émotion à l’approche de la nuit se révélait dans les plus petites choses, Les papillons d’azur, qui dorment au soleil dans les grandes herbes, s’élevèrent en tourbillons pour aller s’enfouir dans ces mystérieuses retraites où on ne les trouve jamais. La grenouille verte des marais et le grillon aux ailes métalliques commencèrent à semer l’air de notes tristes et incomplètes. Les plantes elles-mêmes semblaient frissonner au souffle humide du soir. Elles fermaient leurs feuilles, elles crispaient leurs anthères, elles retiraient leurs pétales au fond de leur calice. D’autres, amoureuses à l’heure de la brise, qui se charge de leurs messages et de leurs étreintes, s’entr’ouvraient, coquettes, palpitantes, chaudes au toucher comme des poitrines humaines. Toutes s’arrangeaient pour dormir ou pour aimer… »

Maurice LEBLANC.