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Page:Leblanc - La Pitié, 1912.djvu/95

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LA PITIÉ

Germaine.

Inconsciente ! criminelle ! N’aie donc pas de pitié pour une telle créature.

Jacques.

Que deviendrais-tu sans moi ?

Germaine.

Sans toi, mais je vivrais, je serais libre, gaie.

Jacques.

Sans moi, tu serais plus malheureuse encore, Germaine, et c’est pourquoi tant de pitié m’étreint le cœur. Je devine tes blessures, et elles me blessent d’avance. Ce sont tes larmes que répandent mes yeux.

Germaine, avec un déchirement.

Tu m’aimes, Jacques, il est impossible que tu ne m’aimes pas !

Jacques.

Si je t’aimais, je n’aurais pas pitié de toi. Lorsqu’on aime on est injuste et dur. Ce n’est que plus tard, après l’amour, que la pitié s’infiltre en vous, goutte à goutte… comme du poison…