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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/171

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dans la liberté de la pensée et le Dogme tendant à immobiliser cette pensée, l’un ne triomphe qu’aux dépens de l’autre, et l’Art ne brise ses fers que sur le cendre des dieux déchus. C’est pour cela encore que le Dogme social de l’École sociétaire ne veut pas du sourire de l’Enfant, parce que la susdite École n’aime pas que tu penses autrement qu’elle et que tu prédises dans son mystère un tout autre avenir que celui que Fourier a préconisé. Voilà ! » Mais il y avait d’autres raisons, plus profondes, si non plus indéterminées.

La politique générale de la Démocratie Pacifique n’est point violente : d’assez complaisant atermoiement, timorée par la crainte d’effaroucher la classe bourgeoise qu’une polémique intransigeante ne rend que plus hostile. Pour ce, dissidence forcée et éclatante avec les républicains, les démocrates purs et encore plus les socialistes de politique radicale. Le journal vit des fonds d’une partie de la classe aisée, habilement convaincue qu’il y va de son propre intérêt, et s’adresse à un public aisé. Or, Leconte de Lisle, comme on l’a justement dit, « au fond de son cœur est alors plus que républicain ; il est partageur égalitaire et non pas pour lui-même, mais pour le peuple qui souffre, pour la masse que l’injuste répartition écrase ». Il a la haine absolue (lu riche et de la classe bourgeoise : d’où hésitations. Quoique ami du calme, quoique déjà profondément convaincu de la supériorité de l’idée souvent plus puissante et plus féconde que les actes, il n’en est pas pour accepter d’emblée de s’enrégimenter dans une politique de lenteur et de prudent