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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/21

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L’ENFANCE DANS L’ÎLE

ment entiché des nouveautés pédagogiques de l’Émile longtemps à la mode même sous la royauté, esprit cultivé, mais bourgeois, culture plus variée que cohérente, il ne semble point avoir pu exercer son fils aux vrais principes républicains. On a dit[1] qu’il lui inculqua la haine du catholicisme : là se borna probablement sa réelle influence. Quoi qu’il en soit, il ne fut point ce précepteur de sagesse et de morale, cet initiateur à la dignité des paisibles vies familiales, ce dispensateur de légitime orgueil et de juste modestie, ce révélateur de la pure beauté que Leconte de Lisle dut rêver plus tard pour les nouveaux Émiles d’une nouvelle République.

M. Tiercelin[2] nous le représente comme un bon pasteur florianesque, très sensible et très affectueux, nourrissant au fond d’un cœur biblique « une faiblesse ancienne pour l’enfant exilé ». Mais les lettres qu’il publie nous le montrent surtout très pratique et bon bourgeois, d’autre part si peu débonnaire qu’il témoigna parfois d’un cœur aussi dur que la bourse. M. Tiercelin soutient encore que ce père fut calomnié et « qu’il n’avait pas élevé son fils dans la haine du catholicisme ou dans son ignorance, comme on l’a prétendu aussi jusqu’à affirmer que Charles n’avait pas fait sa première communion ». Il cite à l’appui des lettres adressées à l’oncle de Leconte de Lisle où, en réponse à des

  1. Léon Barracand, Revue Bleue. 1894. Les témoignages d’amis et surtout de parents confirment ce dire.
  2. Revue des Deux-Mondes, décembre 1898 : article très intéressant et documenté.