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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/250

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avec les démocrates de l’époque, trop exclusifs et vainements bruyants, faut-il conclure qu’il n’aime plus la Démocratie, qu’il ne croit plus en son triomphe futur ? Lui-même répond : et, particulièrement les derniers mots de sa lettre du 8 novembre sont une déclaration claire et catégorique.


En vérité, je te le dis, tu te perds à plaisir, et tu finiras par prendre en haine et en mépris tes beaux vers parce qu’ils ne parlent ni de Barbès ni de Blanqui. Tu appelles Barbès, Blanqui et le reste, tes maîtres, tes guides[1], les Confesseurs de la foi, des christs transfigurés[1] ! Comment feras-tu pour te pardonner cela un jour ! Mais pourquoi te blâmerais-je ? Tu dois passer[1] par là, et toutes mes lamentations n’y feraient rien…

… La Révolution s’accomplira parce que l’humanité contient actuellement un dogme nouveau qui ne se manifestera qu’après une période normale de gestation. L’ordre social sera anéanti par tous les moyens, parce qu’il est irréligieux c’est-à-dire stupide et mauvais ; mais pas un seul des démocrates actuels n’a le sens de cette transformation magnifique. Ils sont trop bêtes et trop ignorants. Il m’est impossible[1] de vivre avec eux. Ce qui n’empêche pas, au contraire, que je sois très révolutionnaire[1] et irrévocablement dévoué à la réorganisation future et supérieure de la société européenne, c’est-à-dire à la théocratie nouvelle…


Paris, 8 novembre 1849,

La grande facilité que tu possèdes de t’assimiler les idées les plus hétérogènes et de te livrer aux études les plus opposées avec le même goût et la même passion ont

  1. a, b, c, d et e Souligné par L. de L.