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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/252

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journal quand même ; et, d’autre part, que, loin d’implorer la protection de n’importe qui[1], ce que je n’ai jamais fait, c’est le réactionnaire en question qui m’a imploré afin que je me laissasse protéger par lui. — Je suis de ce côté en paix avec ma conscience. Voilà ce que j’avais à te dire. Tu ne m’en voudras pas de ma franchise et tu reconnaîtras, au contraire, en lisant mes récriminations, que je suis à toi de cœur…

… Je deviens chaque jour moins sectaire en fait de socialisme : si j’avais le temps et l’espace je t’expliquerais comment et pourquoi je suis socialiste

*

Comment et pourquoi il fut socialiste ?

Après la noble échauffourée de 1848, Leconte de Lisle découragé renonça-t-il définitivement à l’action, ainsi qu’il fut dit. Non vraiment si, selon le mot pénétrant d’Anatole France, l’action pour lui, c’étaient les vers. Mais il ne se mêle plus à aucun mouvement de rue. D’abord tous les mouvements de rue dont s’illustrèrent les années suivantes ne furent point populaires, encore moins socialistes. Le 2 décembre n’a été qu’une défaite de la bourgeoisie et les ouvriers y restèrent très justement indifférents. Et Leconte de Lisle n’admettait point qu’on se dépensât autrement que pour les grandes causes et dans les grandes journées.

Toutes les énergies se concentrèrent vers la propagation de l’idée. Sa jeunesse déjà avait été essentiellement métaphysique et idéenne, nullement

  1. Souligné par L. de L.