Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/282

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une question de droit[1] socialiste, mais d’âme, de conscience, de philosophie socialistes.

*

Jamais poète plus fidèlement que Leconte de Lisle ne s’attacha à redire l’origine du Monde, la jeunesse de la Terre. La fraîcheur, la puissance et la spontanéité de sa vision l’indiquent naturelle, permanente, intime, foncière. Il en portait perpétuellement en lui le rêve esthétique et généreux. Son évocation constante et ample se plut à consulter tour à tour les différentes cosmogonies qui ne manquent point à célébrer unanimement avant toute autre une époque privilégiée de lumière, de beauté, de force et de félicité mondiales. Empruntant aux régions et aux peuples divers l’expression symbolique de leur culte extasié des premiers âges, il s’assura d’être le poète de la prime Beauté et de la prime Félicité du globe. Associant toutes ces cosmogonies il en a résumé une sorte de cosmogonie primitiviste sociale.

Le Barde du Massacre de Mona, voix des légendes septentrionales, évoque la Jeunesse du Monde au temps « où la race des Purs vit le Premier matin » :


Ô Jeunesse du Monde, ô beauté de la terre.
Verdeur des monts sacrés, flamme antique des cieux,
Et toi, Lac du Soleil, où, comme nos aïeux,
L’âme qui se souvient plonge et se désaltère,

  1. Les questions de droit, il les avait traitées dans ses articles antérieurement à 1848.