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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/287

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tant de véhémence qu’on crut à une haine vouée à l’Humanité elle-même à travers les siècles, sut avec amour consacrer des vers frénétiques à la présentation de l’Homme des premiers âges, tel qu’il fut « fait pour la félicité ».


… l’Homme en sa gloire première,
Calme et puissant, vêtu d’une mâle beauté,
Chair neuve où l’âme vierge éclatait en lumière
Devant la vision de l’immortalité.


Leconte de Lisle, qui conserva à la femme l’adoration voluptueuse d’une âme fervente, sembla toujours estimer sans doute de l’avoir vue pour la première fois dans l’innocence et la magnificence de l’île d’Éden, que la femme comme la Nature était, de par sa grâce ou sa beauté passives, ce qui persévérait jusqu’à nous de la beauté, de la joie et de la bonté des âges heureux. Ainsi son âme s’exalte à l’évoquer au Jardin du Paradis, soit qu’Adam ouvre le passé :


Ô Jardin d’Iaveh, Éden, lieu de délices,
Où sur l’heure divine Ève aimait à s’asseoir ;
Toi qui jetais vers elle, ô vivant encensoir,
L’aronie vierge et frais de tes milles calices.
Quand le soleil nageait dans la vapeur du soir,


soit que lui-même éveille à son souvenir celle qu’il contempla pour la première fois :


Telle, au Jardin céleste, à l’aurore première,
La jeune Ève, sous les divins gérofliers,
Toute pareille encore aux anges familiers.
De ses yeux innocents répandait la lumière.


Son œuvre apprend de quelle haute vertu esthétique il imagine l’amour, libre en la nature. Il ne