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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/288

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put que décrire passagèrement dans Khiron la fière pureté des amours se poursuivant en indépendance ; Kaïn se souvient rapidement de l’enchantement d’Ève au Paradis. Mais Çunacépa, qui n’est que poème d’amour, révèle le couple adolescent enivré de félicité aux profondeurs des forêts indiennes, de cette Inde que Leconte de Lisle vénéra particulièrement d’avoir été et de demeurer le berceau du monde. L’amour y fleurit, charme luxuriant et pur comme une saison, l’amour palpite, neuf en son éternité, l’amour déborde, libre en sa spontanéité inspirée, l’amour joue, joyeux et naïf en ses débats et ses errances, l’amour prie, extase panthéistique parmi les forces pures et fécondes de la terre. La beauté des âmes exaltées par la sève d’amour s’entretient inépuisablement de la beauté de la vie et du monde, sève de la nature. Çunacépa prouve la beauté éternelle que la Nature garantit à l’Amour qui, né d’elle, se recueille en elle, s’y épand. Et toute la beauté naturelle et vierge de l’amour, de l’amour de Çunacépa et de Çanta, ressort dans la description amère de la vieille et vaine civilisation hindoue.

Le commerce familier et frugal des forces naturelles engendre l’amour des humanités simples et pieuses, l’amplifiant de toutes les sensations heureuses et de toutes émotions vives ; créant l’amour, il crée l’enfant, il affirme ensuite l’adolescent. La grâce d’Hylas est œuvre de vie primitive; la fière vertu d’Achille, disciple du dieu de nature Khiron, témoigne d’une âme héroïsée par une libre pédagogie de nature. Pour l’entretenir en beauté et en