Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vertu, l’enseignement vaste des forces naturelles, parmi lesquelles s’exerce son indépendance, s’allie aux leçons que, par la bouche mémorieuse de Khiron, lui transmet l’exemple des viriles antiquités. Frères en éducation naturelle, les adolescents que Leconte de Lisle dressa souples en ses mâles poèmes, saluant leur jeunesse sauvage, déclarent avec un noble orgueil :


Et je grandis, sentant que je deviens un Dieu[1] !


Leconte de Lisle ne suggère pas seulement par la noblesse des mots dont il qualifie la nature, par les paysages d’harmonie et d’abondance qu’il en multiplie, par le mode de description qui consiste à célébrer d’une nature ce qui contribue le plus directement à la félicité humaine, il ne suggère pas seulement qu’il faut s’en tenir au culte de la Nature. Il précise souvent, pour la développer ensuite, sa conception d’une éducation naturelle. Après une description où la reconnaissance de l’homme comblé par la nature inspire le rythme et le pittoresque des vers, il s’écrie :


Ô rougeur, volupté de la terre ravie !
Frissonnements des bois, souffles mystérieux !
Parfumez bien le cœur qui va goûter la vie,
Trempez-le dans la paix et la fraîcheur des cieux !


Il est clair que, seule, la Nature, reste des âges révolus, qu’elle seule peut encore dispenser à l’humanité la pureté et la vigueur et la sérénité que les générations perdirent en s’éloignant d’elle depuis une

  1. Se rappeler sa conception de « Dieu », essentiellement irréligieuse et socialiste.