Aller au contenu

Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/380

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Rapprochez ceci des calembours de Voltaire : « Simon déclara qu’il était la Vertu de Dieu. Il allait de ville en ville, accompagné d’une courtisane qui était sa pensée incarnée et par laquelle il avait créé les Anges et les Puissances. » Voici encore, ainsi que le paragraphe sur Helcesaï, qui reste sobre en sa force comique : « Le premier Concile fut présidé par le frère de Jésus, saint Jacques, évêque de Jérusalem, qui, d’après saint Épiphane, fut martyrisé à l’âge de quatre-vingt-seize ans, encore vierge, ne s’étant jamais coupé les cheveux et ne s’étant jamais baigné. Selon toutes les probabilités, l’expression consacrée : « Mourir en odeur de sainteté » fait allusion à cette coutume pieuse de saint Jacques. » Les lignes suivantes feront mieux encore goûter la saveur ironiste de tout le volume :


En 130, on vit de nouveaux hérétiques qui se donnaient le nom d’Adamites. Croyant posséder la pureté primitive d’Adam et d’Ève, ils allaient tout nus, hommes et femmes. Dans leurs assemblées, dit saint Épiphane, lorsque l’ancien qui leur lisait la Genèse prononçait ces mots : « Croissez et multipliez », il se produisait des scènes extraordinaires dont nous ne pouvons donner les détails, mais que ce même saint Épiphane décrit minutieusement avec le plus effroyable cynisme. À propos de la nudité des Adamites, nous lisons dans la 432e lettre d’un saint moderne, François de Sales, à la mère de Chantal, ces deux lignes singulières : « Ô ma mère, qu’Adam et Ève étaient heureux tandis qu’ils n’eurent point d’habits !


On peut croire avec quelle multiple ingéniosité il sait citer au bon moment les contemporains,