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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/382

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s’en déprendre » (Dictionnaire des Hérésies), et c’est aussi le tableau des innombrables contradictions de l’Église. Il insiste à plusieurs reprises sur le peu d’authenticité des livres saints, et, ayant fait l’historique des principaux remaniements des textes, conclut impartialement : « Certes, les saintes Écritures, Ancien et Nouveau Testament, sont le bien propre de l’Église, et elle en use comme elle l’entend ; mais si les fidèles s’imaginent qu’elle a toujours respecté la première rédaction, ils sont plongés dans une pieuse erreur. »

Cette histoire est assurément impartiale, ainsi qu’en témoigne ce fidèle etcaractéristique portrait de Louis IX : « Saint Louis était un homme juste, généreux, plein d’honneur et d’héroïsme. C’est le plus beau caractère du XIIIe siècle. Ses grandes vertus lui étaient propres, ses vices étaient chrétiens. » Enfin, il n’épargne pas plus les hérétiques que les orthodoxes et l’acuité de sa critique s’exerce aussi bien sur les luthériens et les jansénistes que sur les catholiques.

Cela ne fait que donner plus de portée à ses revendications et les deux ou trois passages cités montrent assez visiblement la force et la raison universelles de cette œuvre aussi impersonnelle que sa poésie. « Saint Grégoire le grand lui succéda. Ce grand pape fit abattre les statues, les arcs de triomphe et autres monuments de l’ancienne Rome. Il brûla la bibliothèque Palatine fondée par Auguste et tous les exemplaires de Tite-Live qu’il put découvrir. Aucun des conquérants harbares qui s’étaient emparés de l’Italie ne fit plus de mal que