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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/417

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rait, à la Fontaine aux lianes, à la ravine Saint-Gilles ?

II

Bourbon occupe une grande place dans l’œuvre de Leconte de Lisle si l’on considère surtout que cette œuvre fut relativement restreinte. Il apparaît dans chacun de ses volumes comme le motif constant des plus diverses inspirations. Toujours visionné par ses années de jeunesse dont il garde une « rose » mémoire, il associe généralement son culte de la jeunesse et l’émotion que lui apportent ses souvenirs d’adolescence à la vision constamment « rose » de l’île où il naquit. Les poésies où il chante Bourbon sont celles où son âme se découvre le plus profondément et avec le frisson de pudeur des sensations virginales. De toutes ses pièces, ce sont celles où il fut proprement un poète lyrique.

Leconte de Lisle ne sentit pas la beauté de l’île une fois qu’il en fut éloigné, comme Bernardin de Saint-Pierre découvrit la beauté de Maurice dans la joie de se retrouver sur la terre de France. Sans doute, lui aussi bénéficia de ce « recul » nécessaire à mettre toute chose en plus artistique valeur. Mais le pittoresque de son pays avait intéressé ses yeux avant qu’il commençât à voyager : le début d’une nouvelle de jeunesse écrite à Rennes : Mon premier amour en prose, est à ce sujet d’un précieux renseignement.


Il y avait donc une fois un beau pays tout rempli de