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Page:Leblond - Leconte de Lisle, 1906, éd2.djvu/441

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chœur ? Les « ruches naturelles » cachées aux vertes profondeurs des ravines ou des bois tropicaux, gonflées du « miel vert », ne représentent-elles point précieusement celles qui élaboraient le miel de l’Hymette ? Que voit donc Khiron du haut des monts, sinon ce que le créole des hauteurs de Saint-Paul a contemplé dès son enfance :


Aussi loin que mon regard plonge
Aux bornes du passé qui flotte comme un songe,
Quand la terre était Jeune et que je respirais
Les souffles primitifs des monts et des forêts
Des sereines hauteurs où s’épanouit ma vie,
Quand j’abaissais ma vue étonnée et ravie
À mes pieds répandu…


Petite Grèce insulindienne, ceinte de mer et d’harmonie, c’est là qu’il s’initia à l’amour de la Grèce classique. Il en épura seulement la notion, expurgeant l’antiquité des cultes d’Aphrodite, de Kythérée, d’Adonis et de la molle Astarté[1] par l’inspiration de l’île vierge. Quelle ressemblance entre les deux terres ! « Au 39e degré (en Grèce) l’air tiède de la mer et des côtes fait pousser le riz, le cotonnier, l’olivier. Dans l’Eubée et l’Attique on trouve déjà les palmiers. Ils abondent dans les Cyclades ; sur la côte orientale de l’Argolide sont des bois épais de citronniers et d’orangers ; le dattier africain vit dans un coin de la Crète ! » Cotonniers, orangers, citronniers, palmiers et dattiers sont les arbres des vergers tropicaux. Les quartiers au bord de la mer qui est lisse et

pure autant qu’un lac s’espacent comme les villes

  1. Cf. Venus de Milo qui, ne l’oublions pas, est de 1845.