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Page:Leconte de Lisle - Œuvres, Poèmes tragiques.djvu/142

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POÈMES TRAGIQUES.


Qu’on les garde un peu mieux, ou qu’en somme on les venge !
Ainsi, de jour en jour, au cœur de l’Apostat
L’oubli des vains remords amoncelle sa fange.

Or, le Diable l’entraîne au suprême attentat.


III


C’est un ancien moutier de Nonnes, qu’en l’Année
Mil et cent le royal Godefroy dédia
À la Mère de Dieu, d’étoiles couronnée.

Sur cet âpre coteau du Carmel, où pria,
Jadis, Élie, au temps des terribles merveilles,
Le char miraculeux du Voyant flamboya.

Le moutier dresse là ses murailles, pareilles
À de blanches parois de tombe, d’où le chœur
Des vierges chante et monte aux divines Oreilles.

Salah-Ed-din, le grand Soudan au noble cœur,
Respecta ce retrait des humbles infidèles,
Et, vivant, l’abrita de son sabre vainqueur.

Mais il est mort, et nul ne s’inquiète d’elles,
Hors la Mère céleste et les Esprits de Dieu
Qui, sans doute, d’en haut, les couvrent de leurs ailes.