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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/198

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SEPTIÈME STATION


Jésus tombe pour la seconde fois.



Seigneur ! contre le sol arrosé de ton sang
Faiblis et tombe encor sous ton fardeau pesant ;
L’humanité déchue est là qui te contemple :
Sois pour elle l’image et l’éternel exemple
De ce qu’il faut subir pour remonter à Dieu :
Et dis-lui quel bandeau ceint les tempes en feu
De ceux qui, se lavant de l’antique souillure,
Aspirent à ce ciel où l’âme, libre et pure,
Dans l’adoration f la lumière et la paix,
Par ton sentier sanglant se repose à jamais !

Ah ! devant ce supplice auguste et volontaire,
Expiateur divin des crimes de la terre,
Heureux qui prend sa part de ton sublime affront
Et de l’épine aussi peut couronner son front !
Heureux qui sous le poids des jours qu’il nous faut vivre
Détourne de la coupe où l’insensé s’enivre
Son cœur, d’une eau plus vive et plus pure altéré !
Heureux qui boit ton sang sur l’autel consacré ;