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Page:Leconte de Lisle - Derniers Poèmes, 1895.djvu/213

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DOUZIÈME STATION


Jésus meurt sur la Croix.



Tourné vers l’Occident et la Ville éternelle,
Jésus semble appeler l’humanité nouvelle,
Et, par delà les temps que Dieu guide en leurs cours,
Saluer en mourant l’aurore des grands jours,
Où toute nation, de son sang baptisée.
Refleurira, baignée au cœur par sa rosée,
Et, d’un même transport d’espérance et de foi,
Verra par sa lumière et gardera sa loi.
Dans un embrassement symbolique et suprême
Il ouvre les deux bras au monde entier qu’il aime,
Au monde qui le nie et le tue à la fois,
Car toutes les douleurs sont au pied de sa croix !
Du calice épuisé goûtant la lie amère,
Il écoute gémir ses amis et sa Mère ;
Et seul, cloué, sanglant et délaissé du ciel,
Les yeux brûlés de pleurs, le cœur noyé de fiel,
La chair vive et cuisante et n’étant qu’une plaie,
Il cède au long supplice, enfin la mort l’effraie ;