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Page:Lenotre - Georges Cadoudal, 1929.djvu/130

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la route une sécurité parfaite et la liberté des démarches les plus compromettantes pour tous autres que de prétendus agents de Fouché. L’histoire policière de ces temps troublés offre bien d’autres imbroglios plus compliqués que celui-là.

Il se pose une autre question dont nul n’a donné la solution : s’il faut bien croire qu’Antoine de B…, ancien officier de l’armée royale réduit aux pires expédients, s’est offert, moyennant paiement, à commettre le crime dont sa mémoire reste chargée, pourquoi s’embarrasse-t-il d’un acolyte auquel, — c’est plus que probable, — il n’a pas confié son affreux projet ? Pour parvenir aisément jusqu’à Georges, il spécule sur son noble nom, illustre dans toute la Bretagne ; mais comment justifiera-t-il, auprès de Georges lui-même, la présence à ses côtés de ce jeune pharmacien de vingt ans, qui ignore tout de la chouannerie et ne s’est jamais inquiété de politique ? L’ingérence de cet innocent est de nature à éveiller la méfiance du soupçonneux ermite de l’Île du Bonheur. Et, le coup fait, Antoine partagera-t-il avec Laisné le prix du sang ? En quoi celui-ci peut-il le servir ? — Il a préparé et porte sur lui, dit-on, le poison dont Antoine compte faire usage, s’il est admis, comme il le prévoit, à la table du chef royaliste. C’est se créer une difficulté bien superflue : si Georges, dupe du gentilhomme, le convie à