Page:Leo - L Ideal au village.pdf/190

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Ses traits prirent une expression de dureté menaçante, et, saisissant une grosse trique de bois, elle se mit à attiser le feu sous les marmites, en s’emportant contre Mariette qui entrait.

Ce même jour, Mme Arsène avait demandé à Cécile la permission d’aller à la messe de huit heures, afin de prier pour mademoiselle ; car il ne s’agissait pas seulement de gâteaux et de bouquets ; mais la patronne, dont c’était aussi la fête, avait de son côté droit à un cierge ou deux. Mme Arsène donc, proprement et sévèrement vêtue, et son livre d’heures à la main, traversait, vers sept heures et demie, le petit bois qui se trouve sur la route des Grolles à Loubans, après les Maurières, quand elle entendit non loin, dans l’épaisseur du bois, comme des voix plaintives.

Mme Arsène avait l’imagination fort vive, nous le savons. Elle s’arrêta très-émue, et plusieurs idées lui vinrent à l’esprit. Ce pouvait être un crime qui se commettait là ! un enfantement peut-être, ou même un infanticide ? un complot ?… des voleurs ? une séduction ?… Le Ciel même pouvait avoir dirigé de ce côté les pas de Mme Arsène ! Munie de tant de bonnes raisons, elle s’approcha doucement et écouta.

C’était, elle la reconnut bien, la voix de son jeune maître. Que disait-il ?

« Rose, de pareils scrupules n’ont aucune valeur. Cécile vous acceptera pour sœur avec joie, et moi je vous aime trop pour avoir des regrets. Ah ! ne me laissez pas croire que vous avez moins de confiance en notre bonheur, après l’aveu que je viens de faire.