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Page:Leo - L Ideal au village.pdf/20

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cier, toujours le même en termes différents, qui du grand au petit, si diversement et d’une manière si semblable, fait l’embarras général.

Bien des combinaisons avaient échoué déjà, quand un beau jour, au retour d’une excursion à Saint-Cloud, Lucien s’écria :

« Nous sommes fous ! Ce n’est pas à Paris que nous devons vivre, mais à la campagne. C’est là que règne la vie facile et simple et, qui plus est, l’idéal du beau. C’est là que nous trouverons le rajeunissement de l’âme, la source enchantée, l’ombre, la fraicheur, la paix ! Que faisions-nous ici, mon Dieu ! Nous y sommes pauvres, et là-bas nous serons riches. Là-bas je serai moi-même ; je me retrouverai, je le sens. Paris m’écœure. Ses bruits, ses idées, son langage, ses niais engouements, ses haines insensées, ses jugements stupides, tout cela m’est odieux, me fait mal aux nerfs. Partons.

– Partons, » répondit Cécile.

Elle ne connaissait de la campagne que la villégiature autour de Paris ; mais elle aimait la nature. Elle entra donc avidement dans le projet de son frère, et ils ne songèrent plus qu’à l’exécuter.

Il s’agissait tout d’abord de choisir le lieu de leur séjour champêtre. Lucien pensa de suite à un parent de son père, qui exerçait les fonctions de notaire dans un gros bourg, à soixante lieues de Paris, et chez lequel il était allé passer, à la fin de ses études, il y avait sept ans déjà, deux mois de vacances. Malheureusement ils avaient négligé d’entretenir aucune relation avec cette famille depuis la mort de M. Marlotte, et ils avaient même laissé