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Page:Leon Silbermann - Souvenirs de campagne, 1910.djvu/198

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des sens. C’est la religion contemplative par excellence. Les moines bouddhistes possèdent de vastes monastères et d’immenses richesses. Quelle que soit sa religion, le Chinois y est profondément attaché et elle exerce une grande influence sur les mœurs. Les autres religions, le catholicisme, le protestantisme, l’islamisme, le taoïsme, ne comptent pas et leurs adeptes noyés dans la masse ne peuvent rien pour modifier, soit les coutumes, soit les institutions. Souvent, les familles puissantes et riches possèdent un temple où les parents se réunissent aux époques des cérémonies religieuses. Les autres ont au moins une pièce de leur habitation consacrée au culte.

Le respect de la famille, de ses institutions et des usages et traditions qui s’y rattachent, est une vertu caractéristique du Chinois, à quelque classe de la société qu’il appartienne. Ses obligations à cet égard découlent aussi du culte des ancêtres, culte qui domine les autres croyances et qu’on trouve universellement répandu dans cet immense empire. Honorer les ancêtres est une préoccupation constante et, comme je l’ai constaté dans bien des familles, les invocations qu’on leur adresse rappellent, par leur ferveur et leur régularité, les prières du matin et du soir dans les familles chrétiennes des pays d’Europe. La croyance populaire que rien ne peut être caché aux ancêtres et qu’ils suivent de près, pour les récompenser ou les punir, les actes de leurs descendants, constitue en fait le véritable fondement de la morale publique et privée du peuple chinois.

Le mariage n’est pas, comme il arrive souvent dans nos pays d’Europe, une manière de faire une fin. Les unions sont précoces ; les nouveaux époux comptent rarement plus de trente-cinq ans à eux deux. La mentalité chinoise fait du mariage un véritable devoir, qu’on doit accomplir dès que les aptitudes physiques le permettent ; aussi le célibataire et la vieille fille sont-ils considérés comme de véritables phénomènes, j’allais