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LES ÉTRANGES NOCES

Les jeunes gens parvinrent ainsi jusque dans le Palais du gouverneur, au milieu d’un prodigieux silence…

Ils allaient de cour en cour, de salle en salle, n’avaient qu’à pousser des portes, retrouvaient partout les traces d’une fuite éperdue…

Et ils pénétrèrent, sans bien savoir comment, sans l’avoir cherché, par hasard peut-être, dans le cabinet même de Mahmoud Mouktar pacha, général en chef de l’armée ottomane en fuite.

Nous disons « peut-être », car enfin il se pouvait très bien que Rouletabille eût poursuivi ce hasard-là plus qu’il n’eût voulu l’avouer.

Ils paraissait en effet s’intéresser beaucoup aux objets qui se trouvaient dans ce cabinet… Sur une table, il y avait des papiers, des cachets, de la cire… Fureteur, il jeta un coup d’œil sur tout cela… allongea la main, puis sembla réfléchir, ne prit rien et redressa vivement la tête à un bruit d’argenterie qui venait de la salle à côté,

Il y courut.

C’était Vladimir qui vidait un tiroir.

Il le gronda fortement, cependant que l’autre réclamait le droit d’emporter « un petit souvenir »,

— Mon Dieu, acquiesça Rouletabille, un petit souvenir, je veux bien ! Mais vous n’avez pas l’idée de vous faire monter en épingle de cravate ces cuillers à pot en argent et ces louches en vermeil ?… Venez par ici !… Je ne veux pas vous laisser seul